Les processionnaires

Publié le par Silouane

A Qom, deuxième ville de pèlerinage en Iran et lieu majeur d’enseignement de l’islam chiite, la ferveur est à son comble au moment des cérémonies d’Achoura et de Tassoua. Chaque quartier de la ville commémore le deuil de Hossein et de ses compagnons en organisant une procession. Elles convergent toutes vers l’Hazrat-e Masumeh, le mausolée de la sœur de l’imam Reza au centre de la ville.

Jeudi 18 janvier, 10h du matin. A peine sortis du taxi collectif, nous apercevons venant d’une allée un groupe d’hommes menés par des tambours. En rythme, ils frappent du plat de leur main droite leur poitrine gauche tandis qu’un homme psalmodie des lamentations du haut d’une charrette à bras équipée d’un groupe électrogène et de haut-parleurs. Ils ont sur le front une trace de boue ocre. Alentour les femmes les observent.

Sur la droite, face à la procession, un pick-up surgit chargé de trois moutons. Sur le goudron noir bordé par de la neige abîmée et du verglas, le chauffeur saisit une bête par les quatre pattes, la dépose au sol, la maintient fermement par l’oreille et attend. Les tambours s’approchent. Main fixée au couteau. Par frottement sur la laine noir du mouton, on ôte de la lame les traces de sang d’une offrande précédente. Le cou du mouton est tranché, son sang rouge vif se déverse sur la chaussée noire. L’immolateur a dû avoir le geste hésitant car la bête prend son temps pour mourir sous les regards silencieux des processionnaires.
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