Le grand nettoyage

Publié le par Silouane

Il pleut à Téhéran et j’en ressens l’excitation dans l’air.

Deux mois que je suis ici et pour la première fois une vraie pluie, une pluie qui couvre tout le sol et tombe en longs fils.

Au travail, tous mes collègues étaient joyeux, peut-être parce qu’à l’intérieur du bâtiment on sentait déjà l’odeur de l’eau qui tombe.

L’avenue Enqelâb était embouteillée. A chaque carrefour, une vingtaine de personnes attendaient en vain sous la pluie un taxi collectif. J’ai préféré rentrer à pied pour voir avec plus de détails Téhéran sous la pluie. Voici le compte-rendu de mes observations :

-         Les chaussées ne sont pas ici conçues pour la pluie. Il y a trop d’imperfections dans le revêtement, alors parfois la pluie stagne, on met le pied dedans.

-         Au bas de l’avenue Vali-Asr, à l’angle avec Enqelâb, il y avait des litres d’eau noire qui coulaient, toute la saleté accumulée de la plus longue avenue de Téhéran. J’ai été obligé de mettre encore le pied dedans.

-         J’ai vu quelques hommes qui se couvraient la tête d’un sac en plastique. Ils étaient généralement dans un stade avancé de calvitie.

-         Cette pluie lavait Téhéran de toute sa pollution. D’ailleurs, au bas des gouttières qui déversaient l’eau des toits sur le trottoir, il y avait souvent de la mousse blanche comme celle du produit vaisselle. J’ai pris ça pour une preuve qu’il s’agissait en fait d’une entreprise de grand nettoyage.

-         Certaines femmes au tchador un peu long le remontaient par crainte que, par capillarité, jusqu’à leurs cheveux l’eau ne se faufile.

-         Trois petits garçons qui rentraient seuls de l’école, complètement trempés, riaient de voir ainsi Dieu pleurer.

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